Paracanoë : Son rêve paralympique

Les Jeux paralympiques ont débuté mercredi 7 septembre à Rio. Parmi les 126 athlètes tricolores, ils sont quatre à courir les premiers Jeux du paracanoë. Canoë-Kayak Magazine vous les fait découvrir avant le début des épreuves mercredi 14 septembre. Rencontre avec Agnès Lacheux (KL1), qui touche enfin du doigt son rêve paralympique grâce au paracanoë.

Les Jeux paralympiques, elle a commencé à y penser entre 2009 et 2010 mais en athlé fauteuil. Agnès Lacheux avait alors Londres 2012 en ligne de mire. Un rêve déçu qui en a appelé un autre.
Avant son accident de voiture en 1999, elle était déjà kayakiste. Elle a découvert ce sport au collège, puis s’est épanouie en eau-vive, avant de trouver son terrain de jeu en C2 mixte de descente.

Compétitrice dans l’âme, elle a retrouvé le sport quelques années après son accident. Paraplégique, elle n’a pas oublié son premier défi ; courir un marathon. « C’est un challenge qu’on s’était fixé avec mon beau-frère. Lui s’est finalement décidé à le préparer et je me suis dit, pourquoi pas moi ? » Elle reprend donc contact avec des connaissances croisées en rééducation et l’idée de refaire du sport devient à nouveau possible. En 2007 elle monte pour la première fois en fauteuil d’athlé et commence à s’entrainer. Elle fait alors la connaissance de Willy Couderc, athlète handisport qui rêve des Jeux et qui monte une association, avec son entourage, pour rendre son rêve possible. Agnès Lacheux est séduite par l’initiative et se lance dans l’aventure. En 2009 elle accentue ses entraînements, et en 2010 elle atteint le top 10 mondial sur piste sur 1500m et 5000m. « Malheureusement c’était insuffisant pour aller à Londres, explique-t-elle, il fallait entrer dans les huit meilleures pour espérer faire les Jeux. A cette époque je manquais d’expérience dans la gestion de mon corps par rapport au sport. On prend des risques lorsqu’on décide de faire du haut-niveau et physiquement c’était dur à gérer. » De cette expérience elle a acquis une nouvelle maturité, une confirmation de son envie de performance et une devise qui reste sa ligne directrice ; « aucune marche ne doit rester trop haute ».

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L’importance des rencontres

Son retour vers le kayak, qui a bercé sa jeunesse, se fait par hasard en 2013. « J’ai croisé Pierre-Alain Pointurier qui s’était occupé de ma formation initiateur moniteur dans les années 90. C’est lui qui m’a parlé du paracanoë et de la perspective des Jeux de Rio, car il savait que j’avais fait du haut-niveau. »
Agnès Lacheux se tourne alors vers le club d’Orléans, novice dans l’accueil des paracanoës et dans le haut-niveau. Puis elle fait une deuxième rencontre cruciale. Elle reçoit un appel de Rémy Boullé, ancien kayakiste aussi, jeune paraplégique et qui s’est lancé le défi d’aller à Rio. « Ensemble on a expliqué nos besoins pour rendre notre pratique possible au club d’Orléans, on a travaillé pour que ce projet aboutisse. Au début, confie Agnès, je n’y croyais pas pour moi et je me suis investi aussi pour Rémy, je ne pouvais pas lui refuser mon aide. Et au fil du temps, parce que je reste compétitrice dans l’âme, j’ai relevé le défi. Aujourd’hui c’est génial d’aller tout les deux à Rio. »

Rio, tutoyer le rêve

Pour les premiers Jeux paralympiques du paracanoë, Agnès Lacheux sera donc au départ. « C’est la compétition suprême pour un sportif. Au quotidien, même si les mentalités ont évolué, on reste des personnes handicapées aux yeux des gens. Mais dans le sport on ressent moins cette différence et c’est important. Là on touche le même rêve que les athlètes valides. »
A Rio, elle vise la finale et si possible de faire mieux qu’aux mondiaux 2015 à Milan où elle a terminé 6ème. Elle ajoute à cela un second objectif ; passer sous la minute sur 200m.
Ses objectifs sportifs sont fixés mais ses objectifs personnels sont déjà largement atteints. Au quotidien, Agnès Lacheux a retrouvé un équilibre et un état d’esprit qui lui correspond. « C’est le kayak tout simplement, lâche-t-elle » Ces valeurs d’entre-aide, de performance, de solidarité, et toutes celles inhérentes à ce sport qu’elle n’avait pas retrouver en athlétisme et qui au fond lui manquaient vraiment. Sur le bassin de Rio, elle espère surtout se réaliser, car aujourd’hui elle gère mieux son corps et les contraintes de son handicap. « J’ai appris de mon expérience en athlé fauteuil et notre entraîneur, François Maucourant connaît nos contraintes. Il a l’habitude du public handicapé et il connaît le haut-niveau, on gère donc ensemble, avec le reste du staff, nos problématiques et c’est une force. » Cette force, l’équipe de France paracanoë espère la convertir en médaille et en performance sur les eaux brésiliennes.

Crédit photo : Jean-Christophe Gonneaud

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