Descente : Guillaume Alzingre stoppe sa carrière

Les sélections en équipe de France de descente débutent ce mardi à Pau avec un grand absent. Le champion du monde 2015 de sprint, Guillaume Alzingre pose la pagaie.
Le plus gros palmarès de la descente tricolore a décidé de mettre un terme à sa carrière. Quadruple champion du monde de C1 sprint (2006, 2011, 2012, 2015), double champion du monde de C2 (2012 sprint et classique) et multiple médaillé mondial et européen se tourne désormais vers d’autres objectifs, professionnels maintenant. Retour avec lui sur sa carrière et son nouveau défi.

Pourquoi as-tu fait le choix d’arrêter ta carrière ?
Guillaume Alzingre : « Je voulais continuer après la saison dernière et mon titre décroché à Vienne (Autriche). Mais début 2016 je me suis investi dans ma formation ce qui m’a pris beaucoup de temps. J’ai repoussé le moment de ma reprise en bateau, d’autant que j’ai toujours eu pour habitude de faire une bonne coupure. En fait le choix s’est fait naturellement car je suis rentré en formation à l’ESC de Rennes en gestion et management des entreprises. Je fais cela en Validation des Acquis d’Expérience (VAE) et j’ai besoin de m’investir pleinement pour préparer sereinement mon avenir professionnel. C’est un nouveau défi car je tiens à faire une belle reconversion. Durant 10 ans Kaki Crazy Station, mon employeur, m’a soutenu et accompagné dans ma carrière sportive, maintenant ils m’accompagnent encore dans ma formation, c’est une chance que je mesure pleinement. Ils étaient là, même lors de mes années difficiles, ce dont peu d’athlètes de descente peuvent profiter, je tiens à les remercier car sans eux je n’aurai peut-être pas eu ce palmarès.

A l’heure où les piges de descente vont commencer, est-ce que tu ressens quelques regrets ?
G.A : « C’est un peu bizzard, je vais essayer d’y aller pour voir les autres athlètes courir. Mais c’est une page qui se tourne. Cela fait très longtemps que je pagaie et je n’ai pas d’hésitation. J’étais en équipe de France de descente depuis 2004 et il est temps de penser à la suite. Mon choix aurait pu être différent si les mondiaux de Pau avaient eu lieu dès cette année.

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Qu’est ce que tu veux retenir de ta carrière ?
G.A : « Elle a fait de moi l’homme que je suis maintenant. Le canoë a forgé ma personne, je suis un compétiteur et cela m’a permis de m’accomplir pleinement. Les rencontres humaines que j’y ai faites m’ont beaucoup appris. Je retiens beaucoup de personnes qui m’ont aidé, comme Nicolas Laly mon entraîneur, Yann Claudepierre mon coéquipier de C2 ou Arnaud Hybois qui m’a inspiré.
Grâce au canoë j’ai appris beaucoup de choses que je valorise aujourd’hui dans ma vie quotidienne, dans ma vie professionnelle. Cela m’aide à mener mes projets, on apprend énormément en tant que sportif pour structurer ses saisons, sa préparation et cela se retranscrit ensuite.

Tu as un palmarès magnifique, y’a-t-il un titre que tu veux retenir particulièrement ?
G.A : « Non, ils sont tous différents, chaque titre a son histoire, son contexte. En 2006 j’étais jeune et je ne m’y attendais pas donc c’était assez jouissif. En 2011, après à une bonne période sans titre durant laquelle j’ai du rebondir et gérer une grosse blessure. Ce titre je l’ai apprécié aussi car j’avais douté de pouvoir regagner. Cette année-là je sentais que j’étais vraiment un niveau au-dessus des autres. Ensuite en 2012 on était à La Plagne, donc à la maison il y avait une belle euphorie. Avec Yann Claudepierre en C2 on a aussi tout gagner donc c’était le carton plein et je confirmais en monoplace c’était fabuleux.
Enfin en 2015 je ne savais pas si je serais capable de gagner car 2014 avait été compliqué. Toute la semaine j’étais en difficulté sur le bassin et j’ai fait LA manche au bon moment.

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Comment envisages-tu la suite ?
G.A : « Je reste un sportif mais qui va retrouver un rythme de travailleur, donc je vais continuer à faire du vélo et à courir pour le plaisir. J’aime le triathlon, j’en fais quelques uns comme coureur du dimanche. Je me ménagerai quelques défis comme le font souvent les anciens sportifs, car on n’arrête pas du jour au lendemain quand on s’est entraîné deux fois par jour pendant des années !

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As-tu des regrets au moment de tourner la page de ta carrière sportive ?
G.A : « Non, je n’ai pas de regrets. J’ai couru un temps après le titre en classique mais c’était trop compliqué au fil des saisons et de l’évolution que prenait le sprint et les temps de course en classique. Mon seul petit regret cela pourrait être la saison 2014 où je me suis complètement raté en faisant de mauvais choix. Mais finalement elle m’a remis sur les rails pour gagner en 2015 donc cela atténue la déception a posteriori. Je crois que je ne peux pas, avec mon palmarès, avoir de regrets. »

Propos recueillis par Mélanie Chanvillard

Crédit photos : archives / Bruno Dazeur

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