Paracanoë : la belle histoire de Khadim Boye

Les championnats de France de fond c’est un mélange entre l’élite qui vient en découdre, les clubs tricolores réunit et depuis peu, les paracanoës qui se mêlent à la fête. En ouverture de cette édition 2014 la course de K2 hommes paracanoë a permis de découvrir Khadim Boye. Ce kayakiste sénégalais, licencié au CK Argentat Beaulieu, s’est imposé avec son coéquipier Pieter Paauw. Mais au-delà du résultat Khadim Boye vit une belle aventure depuis quelques semaines.

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Arrivé en France le 21 mars dernier pour cinq semaines, il a été accueilli au club d’Argentat Beaulieu dans le cadre d’un projet de développement du paracanoë dans la région. « On a découvert Khadim lors d’un voyage humanitaire explique Philippe Marchegay l’un des acteurs du projet. On était au Sénégal pour une association et en rencontrant un professeur d’EPS, il nous a parlé de Khadim qui s’entraînait avec peu de moyens mais qui semblait prometteur. »

En effet le jeune homme de 28 ans, originaire de Dakar, vit désormais à Gorée. Après avoir essayé plusieurs sports, il pratique désormais le kayak malgré une amputation de la jambe à la naissance. Un handicap avec lequel il a appris à évoluer et qui le motive à repousser ses limites. Champion d’Afrique paracanoë, 9ème des mondiaux en 2012, il a été sacré kayakiste africain de l’année en 2011, son rêve ; participer aux Jeux Paralympiques de Rio en 2016.

Sa force de caractère a ému Philippe Marchegay et ses amis du club d’Argentat-Beaulieu qui ont décidé de suivre Khadim et de lui proposer de venir en France durant une longue période pour l’accompagner dans l’entraînement mais aussi pour travailler avec des intervenants sur ses prothèses, notamment pour en développer une pour pratiquer le kayak. « Le chemin pour le faire venir a été compliqué, ajoute Philippe Marchegay, car les sportifs sénégalais n’ont pas le droit de quitter le pays sans accord préalable. Le ministère des Sports du Sénégal lui a finalement délivré un visa après trois mois. » Depuis fin mars Khadim Boye vit donc chez la famille Marchegay et profite de cette immersion en France pour progresser dans tout les domaines. Il s’entraîne avec les gens du club et bénéficie des conseils de Dominique Laurent, ancien international de C2 de descente, il a essayé la descente et le slalom. « C’est assez déconcertant l’aisance avec laquelle il s’adapte à ces nouveaux bateaux, il est très volontaire et comprend très vite, s’étonne Philippe Marchegay. »

Cette implication du club d’Argentat Beaulieu concrétise la volonté de développer la pratique handikayak dans la région. Pour faciliter ses démarches, le club s’est ainsi affilié à la fédération française handisport et possède donc une double affiliation. Le but de la démarche, en plus d’aider Khadim Boye, est de mettre en place des outils pour accueillir d’autres pratiquants en situation de handicap moteur. « On a longtemps travaillé sur le sport adapté, mais il fallait une offre pour les handicapés moteurs et c’est une démarche qui nous tient à coeur. »

La dynamique créée autour de Khadim Boye est étonnante et en plus de courir les championnats de France de fond ce week-end, il participera aussi à une course régionale de descente et aux sélections inter-régionale de vitesse à Libourne. Avant son retour au Sénégal le 25avril, il va donc continuer à s’entraîner et à découvrir d’autres sports, car il s’est déjà essayé à l’escalade et au tir à l’arc depuis son arrivée. Une belle aventure qu’il espère faire fructifier pour réaliser son rêve et porter les couleurs du Sénégal à Rio.

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