Les sprinteurs bleus aux Europe…sans Carré.

Alors que les bleus sont sur le point de commencer les Championnats d’Europe à Poznan auxquels ils ne devaient pas participer (décision qui survient suite aux mauvais résultats du collectif à la Coupe du monde de Szeged), Cyrille Carré n’est pas dans la sélection de préparation olympique. Lui qui était bronzé des derniers mondiaux en K2 1000m avec Etienne Hubert n’est pas à Poznan. Coup du sort terrible pour l’auxerrois qui était bien parti pour participer à ses 4èmeJeux Olympiques. 

Pas de JO pour Carré, pour le moment

On croyait être au bout des mauvaises surprises avec l’imbroglio sur l’invalidité du quota décroché par Guillaume Burger, mais le mauvais sort a parfois plus d’un tour dans son sac. En effet difficile de comprendre tout ce qui s’est joué depuis la bombe à larmes à Szeged. D’abord gavé d’enthousiasme et de larmes de joie, le collectif France a paru soudé et (vraiment) ému suite à la qualification olympique de Guillaume Burger. Mais le lendemain, quand le coup de massue est tombé, les bleus étaient à nouveau (vraiment) émus et gavés de larmes, de colère et de tristesse cette fois-ci. Et franchement, difficile de leur en vouloir après une injustice de ce type. Par injustice on entend bien entendu le fait qu’un athlète dépende d’instances qui ont parfois du mal à tomber en accord sur le jeu joué. Qu’importe les avis et astérisques du règlement qui concernent ce débat. Le destin d’un athlète ne devrait pas être tenu par les c…aractéristiques des règles de sélections, mais bien par ses performances uniquement.

C’est le jeu ma pauvre Lucette

On dit qu’en sport il faut accepter la règle et être fair play. Très bien. Ça semble être la base et l’un des fondements de l’esprit sportif prôné par Coubertin et ses Jeux Olympiques. Mais que faire quand la règle ressemble plus à un 1 2 3 athlète ou à un Jacques a dit ? Pas simple.

Jacques a dit

Alors oui, on tombera surement tous en accord pour dire que Guillaume Burger mérite son ticket olympique. Deuxième (entre Etienne Hubert et Cyrille Carré) de la finale de l’open de France sur 1000m, Burger a montré à plusieurs reprises (et sur toutes les distances) qu’il avait ce qu’il fallait pour être à Tokyo. Mais on peut dans le même temps s’étonner du choix de démanteler le K2 1000m existant. Lui qui a rarement fait faux bond depuis qu’il s’aligne dans le sabot. Car si l’on résume pour le moment la bataille navale française : Burger sauvé, Carré torpillé.

K2 1000m – K4 500m, mineur – majeur

Si l’on lit entre les lignes, on peut se poser la question si le K2 1000m n’est pas désinvesti au profit du K4 500m. Oui, car on le rappelle, depuis le début l’objectif était de qualifier un 4ème et dernier kayak homme pour aligner un K4 500m. En effet, c’est un autre auxerrois, Francis Mouget (4e sur 1000m et 3e sur 400m à la finale de l’open de France) qui est désigné comme remplaçant olympique. Qui, lui aussi, serait légitime à la sélection dans le cas d’un hypothétique K4 olympique, mais pas pour le K2 1000m. Dire que c’est compliqué serait un euphémisme.

Les bleus sans Carré aux Europe
Francis Mouget © Mathieu Tourault

Carré peut donc pour le moment s’asseoir (ailleurs que dans le bateau) sur un repêchage dans le collectif olympique. Là où l’on peut avoir du mal à suivre, c’est lorsqu’on fait le point sur les sorties internationales du K2 1000m et celles du K4 500m, qui lui n’avait pas réussi à décrocher son quota olympique en 2019.

« J’ai eu l’entraîneur de l’équipe de France au téléphone à midi. Il m’a dit qu’il souhaitait changer le K2 1.000 m, que le résultat en Coupe du monde ne répondait pas à ses attentes. Ça fait depuis 2019 qu’on navigue avec Étienne Hubert et je vais quand même donner des chiffres. En six courses internationales, notre bateau fait six finales, quatre médailles dont deux victoires. J’ai du mal à comprendre cette décision. »

Cyrille Carré

L’important c’est pas la chute, c’est l’atterrissage

De l’extérieur ça paraît être un risque. Un risque de ne pas miser sur une embarcation qui, de manière factuelle et en lisant (pas entre les lignes cette fois) les résultats sur le papier, représente l’une des plus grandes chances de médailles de la France. Le sélectionneur et son équipe ont d’ailleurs mis 10 jours à sortir la sélection des Europe et de la préparation olympique. Cela montre bien que les choix et décisions ont dû être compliqués. 

De plus, c’est l’ensemble du collectif France qui a déçu sur LA sortie internationale avant les Jeux. On attendait des françaises et français conquérants à moins de 100 jours de Tokyo. Mais c’était plutôt la débandade dans les lignes d’eau tricolores. La faute à qui ? A eux pourtant performants en 2019 et attendus à Szeged ? Au variant français du COVID-19 ? Ou peut-être au choix de challenger les athlètes sur la finale de l’Open de France mais aussi sur la Coupe du Monde seulement 15 jours après ? 

Ils font comme ça là-bas

Par exemple si l’on observe ce qu’il se passe au sein des collectifs nationaux les plus performants sur la scène internationale on se rend bien compte que la stratégie est sensiblement différente de celle adoptée par la France. Autrement dit, les bateaux « leader » ou qui ont déjà performé sur la scène internationale ont tendance à être conservés. Ou en tout cas, challengés dans leur embarcation.

A titre d’exemple, le K4 500m allemand est le même depuis 2017. Le K2 1000m australien depuis 2018. Le K2 allemands avec Max l’immortel Hoff depuis 2019. Pour les espagnols en K2 1000m, la sélection s’est déroulée aux épreuves de sélections nationales en K2 1000m, à l’issue de laquelle les athlètes savaient en passant la ligne qu’ils étaient qualifiés aux Jeux. Alors germains, latins ou anglosaxons, tous ont été challengés. Mais une seule fois et non deux, encore moins à deux semaines d’intervalle.

Cyrille Carré privé de JO
Max Hoff en ligne pour ses 4ème Jeux © Mike Meyer

En France, cela donne l’impression que les athlètes sont constamment challengés. Il faut être bon tout le temps. Et finalement, ça paraît plus simple d’être outsider qui revendique une place que de conserver son statut de leader qui a déjà performé.

ALORS PEUT-ETRE

Comme dirait Patrick Montel, ALORS PEUT-ETRE ! Oui, Alors peut-être, car il faut reconnaître qu’un tel système de sélection a également déjà porté ses fruits. Si l’on change de sens de navigation et que l’on jette une pelle du côté de nos cousins rameurs, on peut retrouver ce genre de choix. L’exemple le plus criant est celui de la paire Jeremy Azu – Pierre Houin. A un an des jeux et suite à 2  deuxièmes places consécutives de Pierre Houin aux séléctions nationales, la paire Stanislas Delaire / Jeremy Azu pourtant vice-championne du monde en titre a été démantelée. Et sur la seule course internationale qui précédait les Jeux de Rio, la nouvelle association a détonné avec une victoire pour ensuite mener à un titre olympique. Risqué, mais payant ! 

ALORS PEUT-ETRE Patrick Montel © Francetvsport (capture d’écran)

On se retrouve à peu près dans la même situation cette année en kayak homme. On peut donc s’attendre à ce que la paire Burger / Hubert soit en quelque sorte un reflet de l’équipage Azu / Houin. Alors peut-être, une possible révélation sur les Championnats d’Europe ! Mais que se passera-t-il si la paire ne performe pas ? Iront-ils aux Jeux sans référence internationale marquante ? Est-ce que Carré pourrait revenir dans la course contre toute attente ? Ou alors faut-il prier pour que le courrier parti auprès du CIO soit fructueux ? Et donc changer de carte et faire tapis avec le K4 à un peu plus de 2 mois de Tokyo ? Pas évident de suivre le feuilleton face à tant d’opacité…

Le Graal Olympique

Les Jeux Olympiques c’est une compétition à part. On entend souvent les athlètes souligner à quel point l’enjeu et la dimension est autre que le commun des compétitions. En sport, normalement, l’idée c’est d’aller chercher des bouts de métaux autour des cous. Mais difficile de se projeter, surtout pour les athlètes, après l’incertitude qui règne dans les rangs tricolores. La sélection officielle n’est pas encore tombée. Surement en partie parce qu’on ne sait toujours pas si la France pourra aligner un K4. 

Finalement, ce qu’on retient c’est que les athlètes course en ligne n’ont pas vraiment les cartes entre les mains, malgré leur réalisation sur l’eau. Et c’est sûrement ça le plus déplorable. Cyrille Carré ne va donc pas aux Jeux Olympiques pour la 4ème fois, pour le moment. Si un kayak homme se rajoute, ce sera a priori Francis Mouget. Quoiqu’il advienne du fameux courrier ou de la performance des athlètes français aux Europe, un athlète sauvé pour un autre coulé, est-ce vraiment une victoire ?

Affaire à suivre dès demain en Pologne :

Résultats Live complets https://timetable.europecanoeevents.com/index.php?gmt=2&gmt2=-120

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