Boris Neveu Champion du Monde !

Bratislava était le théâtre du canoë-kayak en eaux vives cette semaine. La cité slovaque accueillait sur son nouveau bassin la crème de l’élite mondiale à l’occasion des mondiaux  slalom et descente. Tout au long de la semaine, les méthodes de navigation se sont croisées, alternées pour offrir un spectacle (presque) exhaustif, à l’exception du freestyle, des différentes disciplines sportives en eaux vives. Côté slalom, on retiendra bien évidemment le double titre de champion du monde de Boris Neveu, par équipe puis en individuel, qui réitère l’exploit après 2014 à Deep Creek.

Boris Neveu champion du monde !

Déçu après son chemin de croix olympique qui s’est clos (ou plutôt bouclé) à Tokyo, Boris Neveu ne semblait pas suffisamment saillant pour jouer les avants postes en cette fin de saison. Et pourtant…

« J’ai l’impression d’avoir raté le coche… » Surtout comment ça s’est joué. Comment c’est possible de passer à côté d’une opportunité pareille ! Ça paraît tellement simple de monter sur le podium… ça ne l’est pas réellement, mais je me dis que j’ai raté le coche. Il y a de la frustration car je n’ai pas navigué à mon niveau en finale. Y’a des fois tu finis 4e, t’as tout donné, mais les autres ont été un peu meilleurs, tu ne peux pas te reprocher grand-chose. Là ce n’est pas ce sentiment. « J’étais venu pour faire une médaille, pas pour regarder les jeux. » 

Boris Neveu

Voilà ce qui pesait pour Boris Neveu au retour de Tokyo. Un sentiment d’inachevé, de moment perfectible pour aller chercher ce qu’il attendait tant depuis si longtemps, une médaille olympique. Le destin en a voulu autrement. Mais peut-être est-ce cette dernière frustration olympique qui a permis au palois d’aborder les eaux slovaques avec le bon angle..

Cette fois-ci c’est la bonne. Vice-champion du monde en 2009 à la Seu, champion du monde et champion du monde par équipe en 2014 à Deep Creek, Boris Neveu est à nouveau champion du monde individuel et par équipe, à nouveau avec Mathieu Biazizzo, Benjamin Renia a remplacé Sébastien Combo.

La dure loi du sport

Alors pas facile à suivre après son immense déception il y a à peine quelques semaines. Mais est ce que ce n’est pas ça le très haut niveau ? Être dans l’ombre et la déception lorsqu’il en manque peu, parfois très peu, pour exploser et briller quand les planètes s’alignent ? A Bratislava samedi, il réalise une finale individuel sans erreur, ou presque, qui lui permet de dérouler sa navigation posée jusqu’à la ligne d’arrivée. 

La suite c’est un peu flou pour l’instant. Je fais une petite pause de 2 semaines, et après il y a une belle fin de saison à terminer, avec une finale de coupe du monde à la maison à Pau, et des mondiaux à Bratislava. Ensuite je ferai le point, et je vais peser le pour et le contre pour la suite. Mais pour l’instant c’est trop tôt. Je ne ferme pas la porte à Paris 2024. C’est « que » dans 3 ans, c’est à Paris, il y a le slalom Extrême qui me motive, ou je suis performant (deux fois médaillé mondial), et qui peut casser la routine dans la préparation. Je trouve que je suis encore dans le coup. Je ne m’interdis pas de continuer jusqu’à Paris. Ça fait partie des différentes possibilités.

Boris Neveu

Ca c’est ce qu’il nous confiait au retour du Japon. Depuis, de l’eau a coulé sous les portes. Bratislava est passée par là et Paris se rapproche encore un peu chaque jour. Alors qui sait ? Un autre qui doit garder Paris dans un coin de la tête si ce n’est toute la tête, c’est Denis Gargaud Chanut.

Denis Gargaud Chanut, Nicolas Gestin au pied du podium

Au rayon des années à oublier (2020), il en est un qui ne nous contredira pas. Denis Gargaud-Chanut, champion olympique du C1 slalom en 2016 est passé par toutes les émotions. En bataille pour une sélection, sélectionné, puis à nouveau en compétition pour un ticket olympique, il a finalement vu son rêve de voir Tokyo s’envoler fin 2020.

Champion d’Europe, victorieux en Coupe du Monde puis grand absent aux Jeux Olympiques, le marseillais avait à cœur de frapper fort en cette fin de saison 2021. Comme pour dire, je suis toujours là et je vais mettre en place ce vieil adage : tout ce qui ne me tue pas me rend plus fort. C’est ce sentiment guerrier qui ressortait le plus du visage du céiste à l’arrivée de ses courses à Ivrea ou encore Leipzig. 

« Pour Paris 2024 je ne me sens pas trop vieux, il y a encore de la jeunesse en moi et je pense pouvoir défendre mes chances. »

Denis Gargaud Chanut

Le marseillais prend finalement la 5ème place, juste derrière le jeune et prometteur Nicolas Gestin.

Nicolas Gestin : l’espoir qui monte

Faut-il encore parler d’espoir lorsqu’on est double champion du monde -23 ans et 5ème des derniers Europe senior à seulement 21 ans ?

Le dernier jeune qui a illuminé sa catégorie de telle façon c’est le regretté Bastien Damiens, parti beaucoup trop tôt. Bastien était kayakiste, Nicolas est céiste, mais de commun ils ont la passion et le talent dignes des plus grands. Alors même si lui vous dira qu’il a raté une occasion en or d’être champion du monde, tenir la dragée haute aux élites de son sport dont deux champions olympiques sur une finale mondiale, ce n’est pas rien.

Aujourd’hui c’est bien la frustration qui prend le dessus, j’ai le sentiment d’avoir eu une occasion en or pour aller chercher un titre mondial et de pas avoir réussir à remplir le contrat totalement, mais bon j’ai joué avec l’enjeu et je me suis pas fait mangé par l’événement. Donc forcément ce sera un passage fondateur et qui va me servir pour lancer l’olympiade jusque Paris qui arrive à grand pas.

Nicolas Gestin

Oui, déjà 3 ans avant, la bataille pour Paris 2024 s’annonce rude. Thomas Martin aura fort à faire s’il veut retourner aux Jeux et prendre le dessus sur ces deux diables qui débordent d’envie pour Paris.

Marjorie Delassus : 5ème

Déjà 4ème à Tokyo, Marjorie Delassus confirme sa place parmi les meneuses de sa catégorie, fraichement passée olympique, avec une 5ème place. La paloise d’adoption est passée à très peu de frapper un grand coup. Elle démarre sa finale à toute pale, en glisse et en osmose avec l’eau slovaque avant de commettre une première erreur à la porte 9. Elle se reprend immédiatement avec un double stop 10-11 de qualité qui la relance de la course. Malheureusement Marjorie Delassus sort de la trace sur l’avant dernière porte… Son écart lui impose d’improviser une inversion pour revenir dans la trace et arrêter le chrono.

Un bas de parcours surement très frustrant pour elle, mais une manche qui l’assoie un peu plus dans son rôle de leader français et d’outsider internationale sérieuse à surveiller en vue de Paris 2024. Angèle Hug, elle aussi très jeune, prend la 9 ème place de ce mondial.

En kayak dame, Marie-Zelia Lafont et Camille Prigent prennent respectivement la 9ème et 10ème place en finale.

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